Claude Savy, nous livre son avis sur « Avec Paul » de Nadine Eghels aux Éditions Arléa.

« Le livre est arrivé. Sur la table du salon. Je le prends, survole la couverture et entame, debout, sa lecture. Cinq minutes plus tard, toujours debout, je suis impressionné. Je viens de lire un premier chapitre haletant. Nadine Seghel raconte ce qui a été le moment le plus épouvantable de sa vie. Elle y évoque le décès de son mari Paul.

Ce premier ouvrage, au travers de courts récits, vifs et cadencés et des lettres envoyées aux amis choisis après la mort, évoque les circonstances les plus marquantes de leur vie commune. Depuis la rencontre jusqu’à la nécessaire reconstruction qui va passer par l’écriture de cet ouvrage. Au travers de ces deux moyens, elle fait partager au lecteur les douleurs de la déchirure. Mais aussi tous les sentiments qu’elle a éprouvés pour un homme toujours présent, ressuscité par son écriture vive et incisive, le sens du rythme et des mots qu’elle déploie.

C’est, à la fois, chirurgical et chaleureusement sentimental. Parfois brutal et toujours rempli d’amour et de tendresse.Sans confondre ni les lieux, ni les circonstances, je n’ai pas pu m’empêcher, très vite de sentir revenir les sentiments éprouvés en lisant « Le temps d’un soupir » d’Anne Philipe sur la mort de son mari Gérard. A plus de cinquante ans de distance, une émotion similaire. Et tout autant de profond intérêt.
Il faut dire que Paul est un véritable personnage : architecte de renommée mondiale, devenu écrivain, puis peintre. « Vivre au contact de la création génère des émotions particulières » constate l’auteure. Toutes ces émotions sont ici parfaitement transcrites.

Ce texte est totalement soutenu par le livre, création et support de toutes les cultures. Ceux de Paul, comme ceux des autres que Nadine Eghels accompagne professionnellement ou amicalement et met en valeur.  L’ultime création de son mari est un récit anticipé de sa propre mort. « Avec Paul » sublime ces deux vies communes puis l’absence, seulement physique.
Une librairie est, d’ailleurs, un des lieux de cette histoire d’amour : « Je souhaite à chacun d’avoir un libraire pour ami ».
Les Cévennes sont un des autres grands lieux de cette vie. De leur découverte, sur les traces de Stevenson et de Modestine, à l’enracinement dans la maison de Thoiras, en passant par la vallée de la Salendrinque ou la Bambouseraie.

Sur la quatrième de couverture, l’auteure affirme que ce qui est difficile c’est « trouver le ton juste. La bonne distance ». Elle les a trouvés.

Elle a également trouvé la paix ».

Claude Savy, Président de l’association A.A.A.H ! Alès Agglomération Arts et Histoire.